Initié par Jacques Chirac et conçu par Jean Nouvel, le Musée du Quai Branly met en valeur le primitivisme de ses collections par la modernité dépouillée de son architecture.
Musée des Arts et Civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques
Comme tous les autres présidents de la Vème République, Jacques Chirac a lui aussi voulu laisser sa trace. Il a donc choisi de créer le musée du Quai Branly, qui est situé au cœur du 7ème arrondissement, juste au pied de la Tour Eiffel. C’est un musée qui ne traite que des civilisations non-occidentales. C’est-à-dire des civilisations et des arts d’Asie, d’Océanie, d’Afrique et enfin des Amériques. Il met un focus sur le patrimoine et l’art d’autres civilisations qui ont été très peu considérées en Occident mais qui ont pourtant fasciné beaucoup d’artistes. Les collections permanentes présentent 3 500 œuvres d’art dans un parcours géographique sans cloisonnement. La proximité de ces œuvres permet un dialogue inédit entre les cultures des quatre continents.
Refuge des Arts Premiers
Dans ce lieu, vous retrouverez 300 000 oeuvres, provenant d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Ce sont des collections de masques, de tissus, de statuts et d’objects, que le musée à pour mission de conserver, documenter et enrichir. Ce musée propose une immersion exceptionnelle au coeur d’univers lointains. C’est donc un véritable voyage à travers le temps et les territoires.
D’ailleurs, une grande partie des fonds du quai Branly provient des anciennes collections du Musée de l’Homme et du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie.
Jacques Chirac : initiateur du projet
Jacques Chirac est tombé amoureux des arts asiatiques à l’âge de 14 ans. Il était passionné des œuvres et des civilisations occidentales souvent oubliées. Celui-ci visitait fréquemment le musée Guimet (musée national des arts asiatiques de Paris).
En 1995, Jacques Chirac est élu président de la République. Dès son arrivée à la tête de l’État, il demande l’ouverture d’un département des arts premiers au musée du Louvre. Puis, un an plus tard, il annonce le projet de création d’un nouveau musée. Pour ce musée, Jacques Chirac a souhaité mettre à la disposition du public un outil pour mieux comprendre le monde et sa diversité afin d’ouvrir et nourrir le dialogue sur de grandes questions. Ce musée à donc mis en avant la pleine mesure de l’engagement de Jacques Chirac en faveur de la paix, de la tolérance et du dialogue entre les peuples et les cultures. C’est alors qu’en 2016, dix ans après son inauguration, le musée prend le nom de l’ancien président Jacques Chirac, à l’initiative du projet.
Jean Nouvel : un architecte français, original et engagé
Jean Nouvel est un architecte français connu dans le monde entier grâce à sa signature sur des projets de très grandes ampleurs et de ses prises de position engagées.
En 1999, pour le musée du Quai Branly, un nouveau concours international d’architecture est lancé. Jean Nouvel se présente en proposant « une architecture singulière pour des objets tout à fait singuliers ». Le tout est courbé, fluide, transparent et mystérieux afin de servir au mieux la mission première de l’établissement. Le but était de créer des ponts entre les cultures, susciter la curiosité et répondre aux attentes de différents publics. L’architecte Jean Nouvel a donc signé pour un édifice audacieux, pensé comme un coffre fort pour conserver un héritage de près de 300 000 œuvres. Puis en 2001, le permis de construire a été délivré, afin qu’ils puissent commencer les travaux.
L’émotion en premier
Le 20 juin 2006 se déroulait l’inauguration du musée du Quai Branly à Paris. Durant cette inauguration Jacques Chirac en a profité pour réaffirmer l’un de ses combats, où il a cité : “En montrant qu’il existe d’autres manières d’agir et de penser, d’autres relations entre les êtres, d’autres rapports au monde, le musée du quai Branly célèbre la luxuriante, fascinante et magnifique variété des œuvres de l’homme. Il proclame qu’aucun peuple, aucune nation, aucune civilisation n’épuise ni ne résume le génie humain. Chaque culture l’enrichit de sa part de beauté et de vérité. C’est seulement dans leurs expressions toujours renouvelées que s’entrevoit l’universel qui nous rassemble.” Ses mots ont permis de conscientiser ses interlocuteurs.
Puis, lors de son décès en 2019, le musée du Quai Branly lui rend hommage en organisant une exposition consacrée à l’art africain, indien, chinois, japonais, etc. afin de mettre en lumière sa passion pour les civilisations premières.
Lumière : la laisser pénétrer sans qu’elle abîme les oeuvres
Jean Nouvel souhaitait que la lumière intérieure du musée soit diffuse, ajourée et polyédrique. Dès lors, Georges Berne a mis son talent de concepteur de lumière à contribution afin d’obtenir cette ambiance émotionnelle recherchée.
Le musée est sombre mais grâce au travail de Georges Berne sur les contrastes, la lumière naturelle chemine vers les œuvres. Elle ajoute sa « vibration » à l’ambiance du plateau muséographique. Elle est donc perceptible, filtrée à 99 % par des lames paralumes et un film sérigraphié de points noirs tramés sur les vitrages.
Une architecture dépouillée
Dématérialisation
Sur un site exceptionnel à l’ombre de la Tour Eiffel, ce musée répond à des exigences spécifiques en matière d’image, d’identité, d’accessibilité et d’insertion urbaine. « Présence-absence » ou «dématérialisation sélective » sont les maîtres mots de la conception du lieu et de la muséographie orchestrée par Jean Nouvel. En effet, pour l’architecte, le musée doit s’incliner, voire s’effacer devant ces arts et civilisations non occidentaux; tout en magnifiant leur profondeur historique ainsi que leur charge poétique.
Très Grands Verres
Le musée du Quai Branly se trouve à l’abri derrière une façade en verre unique de 200m de long et de 12 mètres de haut, transparente et protectrice. Cette vitre protectrice à un effet spectaculaire qui provient de l’utilisation de verre partiellement émaillé en blanc. D’ailleurs, au travers de cette vitre protectrice vous pourrez apercevoir la majestueuse Tour Eiffel.
Brises-Soleil
La totalité de la façade vitrée de la collection permanente est protégée par un film sérigraphié par points, plaqué sur la face extérieure. Cette technique rend la sérigraphie invisible de l’intérieur et offre au spectateur une vision non perturbée du vitrage. Les brises soleils extérieurs en métal déployés sont maîtrisés grâce à une commande électrique. Ceux-ci sont habillés dans un dégradé de huit couleurs allant du marron au rouge. Puis, un nombre limité de brises soleil, du côté ouest, est peint de blanc comme pour simuler un mitage de la façade.
Imprimés
Sa façade en verre, imprimée de motifs végétaux, est plantée de « boîtes » multicolores aux tailles variées. Cela donne l’effet d’une rangée de cabanes comme des sortes de boîtes émergeant de la forêt. La structure du bâtiment, pourtant imposante, est totalement invisible.
Poteaux aléatoires, arbres et totems
Les poteaux aléatoires dans leur positionnement et leur taille se prennent pour des arbres ou des totems. Ces vingt-six poteaux, aléatoirement disposés, soutiennent une charpente métallique de 220 mètres de long. La matière, par moment, semble disparaître et donne alors, au musée, l’impression d’un simple abri sans façade, au milieu d’un bois.
Techniques de pointe
Les techniques les plus pointues sont convoquées. Avec des verres très grands, très clairs, souvent imprimés d’immenses photographies, les poteaux aléatoires dans leur positionnement et leur taille se prennent pour des arbres ou des totems, les brise-soleil en bois gravés ou colorés supportent des cellules photovoltaïques… Ici l’illusion berce l’œuvre d’art. Le jardin parisien devient un bois sacré et le musée se dissout dans ses profondeurs.
Découvrez les évènements à venir au Musée du Quai Branly
Auteur : Lisa Maudonnet
Date de publication : 23 janvier 2023
2 commentaires
enjoy !!
super a voir