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Derrière les murs de la marque « Le presse papier », portrait de Sébastien Barcet

En résumé

Quand le papier peint devient un poème, une histoire, un voyage… Bienvenue dans cet atelier installé au pied de la colline des soyeux à Lyon, haut lieu de la création textile depuis le 19e siècle. Lancé en 2012 par Sébastien Barcet, « Le presse papier » est à la fois créateur, éditeur et fabriquant de beautés intissées, lisses ou texturées. Pour chaque modèle dessiné : exigence, élégance et créativité sont de mise. Une minutie largement récompensée en avril dernier quand « Le presse papier »  obtient le Label Artisan d’Art. Aujourd’hui, la marque référence près de 225 modèles. Traits D’co est parti à la rencontre de son créateur.  Retour sur la genèse de cette success story !


Crédit © Sabine Serrad & Le Presse Papier

Sébastien, pouvez-vous nous raconter votre parcours ? Vous dessinez depuis toujours ? Comment devient-on concepteur de papiers peints ?

J’ai toujours eu un intérêt artistique très marqué, un gros penchant pour le dessin, la peinture, la musique, les couleurs, les arts en général…
Mais ce métier est venu d’un mélange de beaucoup de choses. J’ai notamment dû monter un atelier de sérigraphie à une période de ma vie, mon premier atelier. On faisait l’impression de micro séries textiles et il y avait la nécessité de mettre les mains dans la fabrication. J’ai également été journaliste pendant un temps pour une organisation d’industrie créative ; un poste qui m’obligeait à être en veille sur les machines. À ce moment là de ma vie, j’ai vu apparaître les premières machines pluridisciplinaires et j’ai réalisé que l’on pouvait passer du papier peint dedans. Et puis il y avait cet amour de la peinture et de l’architecture depuis toujours… Cet ensemble de choses a fait qu’à un moment, il y a une vision… J’ai commencé à faire des dessins sur le bord de la table, à les proposer à des architectes d’intérieur… Ce furent les premiers modèles de « Le Presse Papier ». Des motifs très géométriques, très rétiniens, très colorés, acidulés… Puis j’ai fait des  rencontres du fait de notre emplacement dans le quartier historique du textile à Lyon. Des dessinateurs ayant fait leurs armes à la fin des années 60 dans les ateliers de l’époque y sont encore en place. De fait, un petit noyaux de personnes ayant à cœur de faire avancer l’entité « Le presse papier » avec leur savoir faire s’est formé et… l’histoire continue et se répète, encore et encore, à notre façon !


Modèle Hanami – Collection Tradition     


        Les glycines – créations à la gouache


Modèle Theda Bara – Collection Tradition


Modèle Eden – Collection Tradition

Crédit © Sabine Serrad & Le Presse Papier

Quelles ont été les choses/ personnes qui ont contribué à votre envie de faire ce métier ? 

C’est là depuis toujours en réalité. Petit je dessinais tout le temps, je possédais une multitude de carnets. J’avais aussi un oncle qui faisait de la peinture et que j’admirais. Sinon, évidemment tous les grands maîtres de la peinture sont inspirants. Les nabis, les romantiques, les impressionnistes, le modernisme, le pop art… Mais je suis incapable de faire une liste de noms,  il y en a tellement !

Motifs géométriques, floraux, de style toiles de Jouy… Comment faites-vous naître chaque nouvelle collection ? Où trouvez-vous, avec votre équipe, l’inspiration ?

Ces derniers mois c’était assez particulier… Impossible de se rendre à des expositions, difficile de se balader, d’entrer dans un cinéma…
Mais la plupart du temps l’inspiration est initiée par ce que je ressens quand je me promène, par ce que j’observe dans la nature. C’est très enrichissant d’être en lien avec des bouts de nature, tout comme de se promener dans les musées, les expositions…  J’adore le faire à Paris ! Il faut essayer de se nourrir de peintures, de musiques, d’architecture, de couleurs…

Comment se déroule le processus créatif dès lors que vous avez une nouvelle idée ? Et quelles sont les différentes étapes de création ?

Nous réalisons surtout un travail d’intention. On peut aller faire des recherches dans des documents anciens, avoir de premières intentions au crayon, réaliser un ping-pong…  Tout ça nécessite parfois plusieurs mois de dessins comme pour notre dernière sortie iconique, l’indienne « Theda Bara ».
Une fois que l’on est parfaitement satisfait, on passe à la partie où l’on dessine les fleurs, on compose, on commence à réfléchir au nom et à la narration que l’on souhaite apporter sur le dessin… Puis vient la coloration, partie que je gère et que j’apprécie énormément. C’est un peu comme en musique, il y a des gammes, des gammes chromatiques, je deviens coloriste.. Je m’applique à créer les différents coloris des modèles pour qu’ils aient une cohérence entre eux, qu’ils émanent d’une seule et même sensibilité. D’ailleurs on nous dit souvent : « si l’on pose trois ou quatre rouleaux « Le Presse Papier » les uns à côté des autres, les couleurs fonctionnent ensemble ». Nous avons un univers colorimétrique fort qui accentue d’autant plus notre singularité.


Modèle Theda Bara – Collection Tradition

Crédit © Sabine Serrad & Le Presse Papier

Quelle est votre « signature » ?

On essaye d’apporter de la poésie mais je dirais la couleur, comme évoqué auparavant ; c’est une énergie et c’est une chose essentielle pour nous ! Mais aussi le fait d’être d’un bout à l’autre du process. Etre là dès le premier dessin au crayon et à la gomme sur Canson, jusqu’à l’écriture de la narration, la fabrication.

Et puis, nos créations ne sont pas de simples papiers peints ; dans chacune il y a une intention artistique, poétique. Certains modèles ont des narrations qui s’envolent, qui font référence à des mouvements artistiques du passé, d’autres à  la musique, à l’art déco, à la botanique ( tradition lyonnaise ), à l’architecture.  Ce que l’on défend ce sont nos propres dessins, nous n’allons pas en acheter par ailleurs ! Toutes ces créations composent notre singularité.

Alors, bien sûr, nous avons certaines collections un peu à part comme la collection Paule Marrot pour laquelle nous travaillons avec les ayants droits depuis 2 ans 1/2 afin de produire petit à petit , une rétrospective des œuvres de l’artiste ( 1953-1974 ). Effectivement, là, on ne crée pas ! Cependant, très souvent nous redessinons certaines choses car les documents ne sont jamais exploitables. Mais l’on s’applique toujours à copier la main de Paule Marrot pour que cette rétrospective soit extrêmement fidèle à ses intentions de l’époque ! 


Magnolia appelé également Les Ecureuils – Collection Paule Marrot

Crédit © Sabine Serrad & Le Presse Papier

Et chez vous alors… ?  À quoi ressemblent les murs d’un créateur de papiers peints… ?

À vrai dire, ça change tout le temps ! Il y a de grandes photographies, des tableaux, des objets, des guitares, des couleurs et parfois des murs de papiers pour faire des photos d’ambiance. En ce moment par exemple, j’ai le modèle Savannah dans le salon, allié à un vert de chez Ressources.


Modèle Savannah Nuit / Crédit © Sabine Serrad & Le Presse Papier

Mettez-nous l’eau à la bouche… Pouvez-vous nous parler de vos projets à venir ? Une petite exclu pour Traits D’co… ?

Là je sors d’un accouchement (en quelques sortes bien sûr… les nouveaux modèles de l’été viennent de sortir). Nous voyons donc arriver deux modèles : l’un avec des huiles avec des anémones et l’autre avec des nénuphars traités à la façon  impressionniste.
Il y a aussi un très beau projet en cours avec le chef étoilé Christian Têtedoie. Lors d’une rencontre, il est tombé amoureux de nos papiers. Ainsi, nous allons réhabiliter les grands murs du Château de Lacroix-Laval voué à devenir le château de la gastronomie près de Lyon.

La minute « très déco » de Sébastien

Quel est votre « must have » déco du moment ?

Raphaël Armand, un ami à moi fabricant de luminaires et spécialiste du Bauhaus, a sorti une série de copies des horloges ( Mallet Stevens, que j’adore par ailleurs ) de la villa Cavrois. La série est désormais écoulée, mais j’ai récupéré mon horloge il y a quelques mois et j’en suis dingue.


Un lieu déco incontournable selon vous ?

L’hôtel Providence à Paris restauré par l’architecte Philippe Medioni ou l’hôtel du Cloître à Arles car j’adore le travail des couleurs de Mahdavi.


Hôtel Providence


Hôtel Le Cloître

Un site internet incontournable dans le domaine de la décoration ?

Le site de Nathalie Rives, qui réalise de sublimes projets d’architecture d’intérieur.


Nathalie Rives, projet La maison du répit

Et aussi unstudio.fr , agence de design global basée à Lyon. Ils reprennent des codes de Le Corbusier, Jean Prouvé… C’est super ce qu’ils font.


Unstudio.fr – Projet La Raffinerie

Votre dernier coup de coeur déco ? (Créateur, objet, etc.)

Les lampes de Julien Barrault, juste incroyables !



Auteur : Claire Pélissier

Date de publication : 18 juin 2021

Date de la dernière mise à jour : 12 mai 2022


2 commentaires

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