Inventer un monde à part – un cocon familial au service de l’art – sur une parcelle texane, à Dallas, sans atout naturel et cernée de voisins : telle était la gageure.
Présence. La silhouette monolithique de la maison affirme son ancrage minéral, entre les volumes sculptés et la végétation texane.
Dans le quartier cossu de Highland Park à Dallas, dominé par les manoirs Tudor et les châteaux d’inspiration française, cette résidence d’exception joue la carte de la contre-proposition. Signée par l’agence texane Alterstudio Architecture, la demeure affirme dès l’entrée un parti pris radical : une barre de calcaire pur, en surplomb de 10 mètres, se plie et se déploie pour former un refuge intime tout en affirmant une présence architecturale forte. En retrait, un bâtiment indépendant abrite une galerie d’art, conçue pour accueillir une collection en perpétuel renouvellement. Côté rue, une légère butte de pierres et de plantes locales – graminées, cactus, arbustes – souhaite la bienvenue au visiteur.
Ouvert mais intime
Au fil du parcours, les espaces se révèlent à contretemps des attentes. Le regard est happé tantôt par l’horizontalité du paysage, tantôt par les oeuvres omniprésentes. Le salon à double hauteur, littéralement creusé dans la paroi de calcaire, forme un volume spectaculaire. D’immenses baies vitrées courbes, parfois escamotables, effacent la frontière dehors-dedans, irriguant le foyer de respiration et de lumière. Les matières tissent un lien subtil entre brut et raffiné : acier et pierre d’Indiana taillée sur mesure, céramiques artisanales et roches volcaniques vitrifiées venues de Guadalajara répondent au noyer précieux des menuiseries et aux finitions chromées. Le rez-de-chaussée privilégie les circulations en lisière, le long des vitres, accentuant la connexion à la nature. Un mur de verre de 12 mètres s’ouvre intégralement sur un jardin structuré en immenses terrasses. Ouverte sur la rue, la cour et l’allée, la cuisine s’installe à la croisée des vues.
Le pavillon, second acte
À l’étage, le coin nuit s’organise autour d’un espace tout en longueur, qui sépare les chambres des enfants de la suite parentale. Dans le jardin, un pavillon végétalisé accueille la galerie d’art, ses bureaux, un pool house et une chambre d’amis. À l’intérieur, l’espace blanc, presque monacal, s’élève sur 4 mètres de hauteur. Dalles de béton, murs immaculés, lumière zénithale tombant de trois grands puits : le décor se tait pour mieux servir l’art. Avec ses 1 150 m2 méticuleusement pensés, entre rigueur géométrique et élan créatif, ce lieu offre un écrin idéal à la nature changeante, aux fulgurances artistiques et au doux ronronnement du quotidien.
Surprise. Des espaces inattendus se dévoilent au fur et à mesure que le visiteur se promène dans la propriété.
Signature. Suspendue au-dessus du sol, la longue paroi de calcaire dessine un geste architectural fort.
Immersion. Chaque espace privilégie les circulations en lisière, favorisant une relation constante avec le paysage extérieur.
Jonction. La cuisine, ouverte sur trois côtés, s’installe à la croisée des vues, entre rue, cour et allée. Transparence. De grandes baies vitrées s’effacent entièrement, abolissant les limites entre l’intérieur et le jardin.
Sculptural. Le salon à double hauteur, creusé dans la barre de pierre, se révèle comme un volume taillé à vif dans la matière. Le canapé Espasso et les fauteuils B&B Italia dialoguent autour d’une table basse Cassina.
Pavillon. Une structure indépendante de plain-pied abrite la galerie d’art, un bureau et une suite pour les invités.
Silence. Dans la galerie d’art, les murs immaculés et la lumière naturelle composent une scène presque monastique. Contraste. Les matériaux opposent et harmonisent textures brutes et finitions précieuses : pierre, bois et métal. Intimité. La salle de bains déploie un décor sobre et enveloppant, où les textures minérales répondent à une lumière tamisée.
Auteur : Nathalie Truche
Date de publication : 24 octobre 2025
Date de la dernière mise à jour : 21 octobre 2025
