Derrière une façade discrète de la Place du Guignier, dans le XXe arrondissement de Paris, un hôtel particulier de 1870 renaît sous une lumière nouvelle, alliant charme classique et esprit contemporain.
Répartie sur quatre niveaux et 350 m2, avec un jardin tropical de 150 m2 en contrepoint, la demeure a été pensée comme une résidence principale raffinée et chaleureuse. Pour Hugo Marchand, codirecteur artistique de la maison Christian Louboutin et heureux acquéreur des lieux, tout faisait sens : les volumes étaient là, la hauteur sous plafond, les possibilités d’extension… Mais il manquait une vision pour les intérieurs. Cette vision, il l’a trouvée en Laure Gravier, cofondatrice de Claves, rencontrée lors d’un dîner. Entre eux, une passion commune : les arts décoratifs français, notamment ceux des années trente et quarante. Le projet s’est construit pièce à pièce, autour d’objets patiemment réunis par le propriétaire. La grille en fer forgé signée Gilbert Poillerat a donné le ton : son motif en croisillons se décline aujourd’hui sur les cache-radiateurs, les placards, jusque dans le jardin d’hiver. Un fil conducteur affirmé, qui structure l’ensemble avec cohérence.
Au-delà du simple regard
Les artisans se sont placés au coeur du récit : boiseries en chêne sculpté réalisées par la Maison Chabot, salles de bains en travertin Osso et Cipollino verde par Mineral Expertise, ornements des cheminées par Staff Espace Volumes. Habitué à s’appuyer sur le savoir-faire artisanal pour la confection de souliers, Hugo Marchand a retrouvé ce plaisir du détail, à une tout autre échelle. Et si le raffinement est omniprésent, l’esprit des lieux reste résolument tourné vers la vie. « Ce n’est pas une maison d’apparat », précise le propriétaire. On y cuisine, on y reçoit, les cheminées crépitent, les chats circulent, les amis séjournent. Une intimité habitée, où le mobilier et les oeuvres d’art conversent tels de vieux complices : chauffeuses Otto Schulz, appliques Poillerat, mosaïque viennoise conçue avec Delphine Messmer, céramiques de Jean Mayodon… Le moindre élément devient le témoin d’un passé réinventé. Au-delà de sa beauté, la demeure possède une âme. Et c’est sans doute là que réside la force de Claves : dans cette capacité à composer un décor qui n’en est pas un, un intérieur qui se ressent autant qu’il se regarde.
Personnel. Le projet s’est bâti autour d’objets rares et précieux, choisis ou chinés par Hugo Marchand. Esthétique. Inspiré par la grille en fer forgé signée Poillerat, le motif en croisillons rythme l’aménagement.
Collection. Céramiques de Jean Mayodon et argenterie Jean Després tissent un récit intime et cohérent dans la cuisine.
Tandem. Complicité entre Hugo Marchand et Laure Gravier autour d’une vision commune du beau et du fonctionnel. Atmosphère. Conçue pour un couple passionné d’art et de patrimoine, la maison mêle charme classique et esprit contemporain. Cha(t)leureux. Douce banquette, repas conviviaux, chat en balade… le design ne sacrifie pas le quotidien.
Singularité. Fondée par Laure Gravier et Soizic Fougeront, l’agence Claves s’inscrit dans la tradition des arts décoratifs français.
Ouvrage. Les boiseries en chêne sculptées par la Maison Chabot reflètent un savoir-faire ancestral d’exception.
Minéraux. Le travertin Osso et Cipollino verde de Mineral Expertise confèrent une profondeur texturée aux pièces d’eau.
Tropical. Dans le jardin de 150 m2, la végétation luxuriante propose un paysage exotique en plein coeur de Paris.
Alliance. Revisité par Claves, l’hôtel particulier de 1870 mêle héritage et modernité dans le XX? arrondissement de Paris. Dialogue. Fauteuils Royère et cheminée au décor ciselé cohabitent dans un salon baigné de lumière.
Photos Alice Mesguich
Auteur : Nathalie Truche
Date de publication : 14 octobre 2025
Date de la dernière mise à jour : 13 octobre 2025