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À cache-cache dans la banlieue de Seattle

Face à la difficulté de préserver son intimité dans une banlieue, l’architecte a trouvé la parade : tourner la maison vers l’intérieur. Cap vers la côte ouest des États-Unis. 

Les pièces à vivre sont organisées autour de la cour-jardin, avec des portes d’angle ouvertes qui relient tous les espaces entre eux. 


Campons le décor. Dans le nord-ouest américain, l’état de Washington longe l’océan Pacifique.  Comment garder son intimité quand on vit à proximité de l’artère très fréquentée d’une banlieue de Seattle ? Les architectes de l’agence Wittman Estes ont pensé aux nuisances d’aujourd’hui et de demain : le danger d’une circulation accrue avec des enfants qui jouent dehors, la pollution sonore et la diminution de la végétation naturelle. La solution a été trouvée en concevant une habitation tournée vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur. La maison baptisée Yo-Ju (qui se traduit approximativement par « vie isolée » en mandarin) s’inspire des aménagements traditionnels des cours et jardins chinois. Cet ancien principe d’agencement, connu sous le nom de « Big Hide », vise à  empiler les espaces privés et les espaces de vie collective. 


Bien que proche d’une route très passante, la bâtisse est totalement coupée de la ville grâce, notamment, à une haute clôture en cèdre teintée en noir.


Un cocon dans un tissu urbain

Posée sur une parcelle totale de 320m2, la bâtisse comprend trois parties : d’abord une aire d’entrée coupée de la rue, ensuite un volume habitable, qui présente une façade opaque devant et transparente derrière et enfin, la cour-jardin, où les enfants peuvent jouer librement. Avec sa clôture en cèdre teintée en noir, l’entrée fonctionne comme une barrière entre l’intérieur et l’extérieur. Un chemin minéral, jalonné de graminées et d’un érable japonais, mène au foyer. Ici, tous les signes de la proximité urbaine disparaissent grâce aux vastes façades en chêne de la cuisine, au sol en béton et aux immenses portes coulissantes allant du sol au plafond. 


Situés au centre de la maison, les espaces communs s’ouvrent sur la cuisine, la salle à manger puis le salon. 


La magie de la perspective atmosphérique

L’illusion de grands espaces ouvrant sur des vues extérieures s’inspire des tableaux paysagers chinois qui utilisent la technique de la « perspective atmosphérique » pour renforcer l’impression de profondeur. La maison Yo-Ju emploie cette judicieuse méthode pour créer des pièces visuellement plus spacieuses que ce qu’elles sont réellement. La partie logement n’occupe en effet que le tiers de la superficie totale du terrain. L’emprise au sol réduite permet ainsi de réaliser des économies d’énergie, d’augmenter la surface de plantation végétale, de favoriser l’intimité et les vues sur la nature. Pour les concepteurs, cette optimisation spatiale contribue à façonner un nouveau modèle d’habitat suburbain et à repenser le logement unifamilial traditionnel. 


L’étage supérieur est aménagé autour des chambres, d’un espace créatif et d’enseignement pour les trois enfants de la famille.

En empilant des espaces communs, une cour-jardin, une entrée transitoire et des illusions de vues, l’habitation vise à créer un nouveau modèle de logement unifamilial.


Photos © Andrew Pogue

www.wittman-estes.com
@wittman_estes I @henrybuilt


Auteur : Nathalie Truche

Date de publication : 30 janvier 2024

Date de la dernière mise à jour : 15 janvier 2024


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