Phantom Hands, l’invisible façonne le beau

En résumé

À Bangalore, la marque Phantom Hands met en lumière les artisans de l’ombre en réinterprétant le mobilier moderniste indien des années cinquante.

Collaboration. Le mobilier des designers néerlandais Xander Vervoort et Leon van Boxtel s’inspire de l’art et de l’architecture.

Phantom Hands – les mains fantômes – désigne ces artisans d’hier, dont les gestes transmis de génération en génération perdurent dans chaque pièce façonnée aujourd’hui. Créée en 2014 par Deepak Srinath et Aparna Rao, la marque puise son origine dans une passion commune pour les objets vintage et l’esthétique moderniste. Très vite, les fondateurs se plongent dans le passé de Chandigarh, ville utopique conçue dans les années cinquante par Le Corbusier, et dont le mobilier public fut confié à son cousin, l’architecte suisse Pierre Jeanneret. Ce sont ces chaises aux pieds en V ou en X, ces fauteuils au rotin tressé, robustes et minimalistes, qui vont inspirer la première collection de Phantom Hands : Project Chandigarh, lancée en 2015.

La mémoire dans la matière

Dans l’atelier de Bangalore, les artisans (tresseurs, menuisiers, ponceurs, polisseurs, tapissiers ou tailleurs venus de toute l’Inde) repoussent sans cesse leurs limites pour donner corps aux visions des designers. Le bois – souvent du teck local, parfois du chêne, du noyer ou du cerisier – est récupéré ou neuf, mais toujours tracé. En une décennie, Phantom Hands s’est imposé comme l’un des visages les plus singuliers du design indien en restant fidèle à sa mission initiale, honorer les artisans invisibles et garder l’empreinte d’un héritage précieux.

Évocation. Daybed Nandi de Klemens Grund : la beauté brute du teck alliée à des lignes incurvées qui rappellent un panier. Routine. Selon Klemens Grund, concepteur de la collection Nandi, « le mobilier reflète notre quotidien et nous ancre dans le monde. »