Dans le calme feutré d’un immeuble haussmannien du XVIe arrondissement de Paris, un appartement retrouve souffle et lumière. Au cœur de cette métamorphose, un escalier monumental.
Derrière les hautes fenêtres et les corniches héritées du XIXe siècle, un duplex parisien de 200 m² se déploie désormais avec une élégance fluide, orchestrée avec sensibilité par l’architecte Régis Botta. Les lignes classiques sont là, intactes et respectées : moulures ciselées, parquets en pointes de Hongrie, grands miroirs et lustres aux éclats discrets. Mais chaque élément a été réinterprété avec légèreté, comme si l’histoire du lieu avait été calquée, puis doucement redessinée. Au cœur de cette transformation, un escalier monumental impose sa présence. Entièrement façonné dans une pierre blonde, il s’élève au sein d’un claustra ajouré de lames métalliques qui filtrent la lumière et les regards. Plus que le passage d’un niveau à l’autre, il devient sculpture centrale, ancrant le regard, structurant l’espace, articulant les différentes zones du duplex.
La circulation pensée comme un récit
Autour de l’escalier, l’organisation intérieure suit une logique limpide. En bas, les espaces de réception se déploient en enfilade, baignés de lumière et habillés de teintes profondes et chaleureuses. Plus en retrait, les pièces privées – une suite, un bureau, une chambre parentale – se parent d’une palette plus claire, presque minérale. À l’étage, les chambres supplémentaires, une salle de bains et une suite plus intime viennent compléter la composition. Tout l’intérieur repose sur une douce dialectique chromatique. Une teinte beige pâle, associée aux lieux de passage et de service, s’exprime à travers la peinture des murs, la pierre naturelle, les voilages et les laques satinées. En face, une nuance de gris chaud enveloppe les pièces de réception, résonne avec les agencements, fait vibrer les plafonds et renforce la profondeur du mobilier. L’ensemble est ponctué de touches métalliques dorées, discrètes mais précieuses, qui soulignent les détails avec justesse.
Clarté silencieuse et matières habitées
La lumière, ici, est un matériau à part entière. Présente sans jamais dominer, elle glisse le long des murs, se reflète sur les plafonds, se niche derrière les étagères ou dans les plis d’un rideau. Chaque faisceau a été pensé pour souligner un volume, révéler une texture, prolonger une perspective. Le mobilier, conçu par l’agence Régis Botta, s’inscrit dans l’harmonie générale. Les formes sont nettes mais accueillantes, les proportions généreuses mais sans emphase. Le chêne clair utilisé dans toute la collection, fait écho au sol, aux encadrements de portes, aux lignes de fuite. Rien ne distrait, tout contribue à cette sensation d’un lieu profondément cohérent, ouvert et apaisé.
Le mobilier du salon, issu de la collection Rue du Bac signé de l’agence Régis Botta, s’affiche ici en finition chêne naturel. Le grand lustre Opéra a aussi été dessiné sur mesure.
La suspension Rivoli, aux lignes épurées, éclaire l’îlot central en travertin, pièce maîtresse de la cuisine.
Conçu comme une pièce maîtresse, l’escalier structure les volumes, filtre les perspectives et capte la lumière, redéfinissant la circulation au sein de l’appartement.
L’escalier en travertin sculptural s’élève dans une cage de lames métalliques champagne, véritable pivot du duplex.
L’éclairage prend place en douceur dans l’univers feutré de la chambre principale, à la tonalité beige clair.
-Photos Luc Boegly
Auteur : Nathalie Truche
Date de publication : 2 juin 2025